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Traces d'Ebène
 

2010 marque le cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal. Une poésie empreinte d’une langueur palpable règne sur ce pays, inspirée en partie par Léopold Sédar Senghor, le premier président-poète de la décolonisation en 1960. Poésie des formules à «l'africaine», métaphores teintées d'humour. Poésie de la vie, souvent frugale mais pourtant joyeuse, loin des clichés consuméristes de l'occident. Un africain me confie que le continent a pris du retard dans bien des domaines : la technologie, la démocratie, la santé, l'industrie. Devant tant de carences, il s’aveugle lui-même en occultant les nombreuses valeurs d'humanisme, de solidarité et d'entraide que manifeste spontanément le peuple sénégalais. La pauvreté généralisée que la situation économique depuis l'indépendance n’a pu enrayer, produit certains effets inattendus ; un exemple bien de notre d’époque : les déplacements à pied restent la règle. Les voitures, polluantes à l’unité ne prennent la route qu’une fois pleines « à craquer » – jusqu’à dix, douze personnes par véhicule ! – illustrant cet état d’esprit qui porte solidairement les sénégalais à pratiquer le covoiturage écologique. Ici chacun connaît son voisin (mon interlocuteur s’étonne que je ne connaisse pas mon voisin de palier) et aussi les habitants de son village ou en ville, de son quartier. Ici encore les anciens sont respectés par tous, ont toujours le dernier mot et sont au centre de la cellule familiale, qui prend grand soin d’eux. Pénétrés de notre sentiment de supériorité (technologique, etc.), les préjugés que nous pouvons avoir sur l’Afrique – nous, occidentaux et moi le premier - ont la dent dure. Faute de travail, nombre de Sénégalais vivent au jour le jour face aux inégalités de toutes sortes et à la corruption de certains. Malgré quelques initiatives économiques individuelles, l’attentisme et le découragement semblent avoir figé le pays dans l’indolence. L’Europe, orgueilleuse, désengagée du continent noir, pourrait cependant, à bien des égards, méditer sur les aspects les plus estimables d’une certaine philosophie africaine. Humble récit photographique du visage contradictoire du Sénégal à la fois contemporain et immuable ; pays parcouru aux côtés de sénégalaises et sénégalais, à pied, en taxi-brousse, dans d’improbables bus décatis ou quand ceux-ci rendent l’âme au milieu de nulle part, sur une charrette de passage. Dans les traces - populaires - d’Ebène, le roman jubilatoire de Kapuscinski.

Sujet réalisé en 2010 au Sénégal.


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